Réalisé le 24 septembre 2005 |
La Dent du Géant (4014 m)...
Arrivés au téléphérique de l'Aiguille du Midi nous rencontrons plusieurs paralpinistes partant à l'assaut du Mont-Blanc. Les conditions sont prometteuses aujourd'hui, et le mauvais temps des trois derniers week-ends a laissé plus d'un alpiniste sur sa faim. Pour nous, l'objectif est la Dent du Géant. Située à cheval sur la frontière franco-italienne, cet éperon rocheux culminant à 4014 mètres d'altitude est un itinéraire magnifique permettant d'allier montagne, escalade et espérons-le, parapente.
Il est 9h lorsque nous arrivons à l'Aiguille du Midi, et c'est avec soulagement que nous voyons les bennes panoramiques menant à la pointe Helbronner s'activer doucement. La traversée est magnifique, et nous laisse une demi-heure pour admirer le paysage déjà envahi par les couleurs d'automne. Vu d'ici, la Dent du Géant est effrayante. Ce bloc de granit vu de profil parait plus que jamais effilé, et son nom semble soudain évident.
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À la pointe Helbronner, nous prenons le temps de déguster un petit café italien. Il est en effet inutile de partir trop tôt si nous voulons bénéficier de l'ensoleillement sur le rocher, d'autant plus que nous espérons une descente rapide et efficace par la voie des airs.
La traversée du glacier du Géant est agréable. Les cumulus qui se forment sur les versant italien attirent notre attention, le vent est défavorable pour envisager un retour sur Chamonix. Après 3h30 d'évolution sur terrain mixte nous arrivons sur une petite épaule neigeuse à la base des difficultés. Nous déposons nos voiles ici, et cherchons le début de la voie vers le sommet.
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La faible fréquentation et la douceur du climat en cette fin septembre nous permettent de profiter de conditions optimales pour cette ascension, malgré tout le début de la première longueur se révèle plus difficile que prévu... Heureusement, Fabrice grimpe en tête m'évitant ainsi quelques frayeurs. Cette voie menant au pied de la face sud-ouest nous guide à la base d'une superbe dalle de granit pointant droit vers le sommet. Elle est équipée d'énormes cordes fixes, ce qui rend l'ascension plus efficace même si un peu de charme s'y perd. Les dernières dizaines de mètres ne sont cependant pas équipées et nécessitent une prudence toute particulière.
Nous atteignons le sommet vers 16h, nous sommes seuls et la vue est fabuleuse. Sur un espace minuscule délimité par des parois vertigineuses, une Vierge Marie porte la marque des orages à force de servir de paratonnerre. Nous prenons conscience que nous sommes bien peu de chose face au Géant.
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Une descente en rappel par la face sud nous permet de rejoindre rapidement nos sacs et d'évaluer les conditions aérologiques. La situation est délicate : le vent de sud est toujours présent et nous sommes au dessus d'une crête qui provoque d'importantes turbulences. Le minuscule décollage est raide et ne laisse pas de place à l'erreur. Il faudra savoir choisir le moment exact pour parvenir à décoller.
Le soleil baisse vite et il ne faut pas tarder. Après quelques essais infructueux je m'essouffle, l'air est rare à cette altitude, ma voile refuse de se gonfler. Soudain un créneau se présente et je saisis l'occasion. Droit sur l'Italie une force invisible m'arrache du sol au moment du premier pas dans le vide. Je fais quelques allers-retours devant la paroi pendant que mon compagnon prend des photos.
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Je coule et suis obligé de me diriger vers la mer de glace. Fabrice doit attendre un nouveau créneau. Rester bloqué la haut par une nuit sans lune ne laisse rien présager de bon : le refuge le plus proche est à plusieurs heures de marche et le Géant se réveille parfois... Il ne pourra finalement décoller qu’au coucher du soleil, avec un énorme soulagement. Pouvoir voler dans un décor aussi grandiose au crépuscule est une expérience unique dans une vie.
- Les images du vol de Simon - | |||
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- Les images du vol de Fab - | |||
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Les yeux pétillants de rêve et d’émotion nous profitons d’un petit restaurant chamoniard pour retrouver des forces.
Merci Fabrice pour ces instants exceptionnels.
"Sans curiosité on meurt et sans courage on ne vit pas" .... Hugo Pratt
Photos : Simon P. - Fabrice BRUN © Skyandsummit.com